Souvenirs de Bernard Favre; la petite enfance, Renens 1948 - 1957  
Les souvenirs de Bernard Favre  
Les petits boulots  
après l'école  
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960 - 1963  
Chapitre 03  
B.Favre; 09.05.17; Version 0.1; chapitre 01, page 1 / 9  
Souvenirs de Bernard Favre; la petite enfance, Renens 1948 - 1957  
Sommaire  
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Sommaire  
Introduction, considération sur le travail des enfants.  
Aide vendeur dans un magasin de chaussures.  
Plongeur à la patisserie Zust.  
Emballeur dans une fabrique de chapeaux de dames.  
Coup de main à un marchand de vêtement à la Riponne.  
Coup de main à un maraîcher à la Riponne.  
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Souvenirs de Bernard Favre; la petite enfance, Renens 1948 - 1957  
Introduction, considération sur le travail des enfants.  
Dans les années 1950-1980, le travail des enfants était admis à condition que cela ne  
nuise pas à leurs scolarités. Les enfants avaient même le devoir, dans la mesure du  
possible, d’aider leurs parents.  
Ces petits boulots étaient l’occasion de découvrir le monde du travail et la  
société des adultes. Cela rapportait 20 à 30 francs par mois pour une dizaine d’heures  
de travail par semaine.  
Cette rallonge financière libre d’impôts et d’assurances était bienvenue dans le  
budget familial (on logeait dans un vieux trois-pièces sans confort à 100Fr. par mois).  
J’ai été mis au courant de cette possibilité de gagner de l’argent de poche par un  
camarade d’école, et j’ai saisi immédiatement cette opportunité d’être  
financièrement indépendant.  
Ce statut de « travailleurs» m’imposait d’avoir une attitude dédaigneuse à  
l’égard des camarades qui dépendait de la mansuétude familiale.  
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Aide vendeur dans un magasin de chaussures.  
Le magasin était à l’angle de  
la rue centrale et de la rue  
Saint-François, en face de  
l’innovation (Globus).  
Un soir vers vingt heures, je  
regardais du personnel qui  
déchargeait des cartons de  
chaussures  
d’un  
camion,  
lorsque le gérant me demanda  
si je voulais donner un coup  
de main, j’ai accepté!  
Le gérant qui avait environ vingt-  
cinq ans, m’enseigna la manière  
de porter une pile d’une demi-douzaine de carton à travers le magasin et dans  
les escaliers.  
Au bout de deux heures le camion était déchargé, alors le gérant me  
demanda si je voulais donner un coup de main le mercredi après-midi et le samedi,  
ce que j’acceptais.  
On est parti avec sa « Volvo Amazone », à Béthusy 24 je suis descendu et il a  
continué jusqu'à Chailly.  
Mon travail consistait d’une part à ramasser et à remettre dans les cartons les  
chaussures qui trainaient, puis de les ranger au dépôt. Cela demandait un minimum  
d’attention afin que les chaussures retrouvent leur carton original et que les  
cartons retournent sur la bonne étagère. D’autre part je devais aller chercher des  
chaussures sur demande des vendeuses.  
Comme on peut le voir sur l’image, ces dames (c’était des vieilles casseroles d’une  
trentaine d’années) prenait le temps d’essayer une dizaine de paires tout en  
papotant, minaudant avec la vendeuse pendant que Bernard glandouillait. Il  
arrivait qu’une cliente reste deux heures!  
Comme je devais me mettre à genoux pour ramasser les pompes, j’en  
profitais pour reluquer les guibolles de ces dames.  
Volvo Amazone 1956 - 1970  
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Plongeur à la patisserie Zust.  
La boulangerie confiserie Just était située à  
l'angle de la rue de Bourg 47 et de la  
Cheneau-de-Bourg.  
Le vaste magasin tearoom donnait sur la rue  
de Bourg, un étage en dessous à la  
Cheneau-de-Bourg un vieux laboratoire  
occupait six  
à
sept personnes qui  
logeaient ensemble dans une chambre  
sous le toit.  
J’ai eu l’occasion de voir ladite chambre  
avec son unique petite fenêtre, six ou sept  
lits avec des cageots comme table de nuit,  
mais c’était propre et ordré .!  
Le four ressemblait à cela  
L’équipement du laboratoire comprenait à gauche un four, au milieu une vaste  
table, à droite un pétrin et des machines diverses et au fond un grand Frigidaire et la  
plonge. Il n’y avait pas d’acier inoxydable, mais des récipients en fer étamé ou  
en cuivre. La surface de carrelage était réduite au minimum, la plonge et le  
four! Le tout baignait dans une odeur douceâtre à faire tourner de l’oeil un  
inspecteur des denrées alimentaires. Je travaillais entre cinq et sept heures du  
soir. En général il y avait une pile d’un mètre d’ustensile à laver avec de l’eau  
tiède pour économiser l’eau chaude qui était réservée en priorité au tearoom ! (  
l’eau était produite par un chauffe-eau à accumulation qui ne chauffait que la nuit).  
Le soir, la patronne me donnait des invendus du jour que j’apportais à la maison.  
Bernard mangeant  
Annonce parue dans la Feuille d'Avis de  
Lausanne le jeudi 28 juillet 1955  
un invendu à la maison  
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Emballeur dans une fabrique de chapeaux de dames.  
La fabrique de chapeaux se  
trouvait à la rue Belles-Fontaine 2  
au  
premier étage,  
le  
bâtiment  
abritait aussi le garage de la police  
municipale.  
J’avais trouvé ce travail dans les  
petites annonces.  
Le patron était un Suisse  
une  
allemand, qui  
douzaine  
employait  
de modistes  
pour  
confectionner  
des  
trucs que je  
trouvais ridicules.  
Mon boulot consistait à ficeler des cartons que l’on m’apportait, la veille des fêtes  
il pouvait y avoir jusqu’à 40 – 50 cartons. Je devais également écrire l’adresse du  
destinataire, coller une marque postale et l’enregistrer sur un bordereau postal et  
ensuite les charger sur une voiture-a-bras qui était enchainée au rez-de-chaussée.  
Puis c’était la ruée vers la poste de la gare, je me mettais dans une  
présélection de voiture et filais à grandes enjambées.  
À
la poste, aux envois en nombre, je remettais le bordereau à l’employé et  
balançais mes colis dans une charrette des PTT.  
Après je remontais tranquillement en m’offrant une pâtisserie, puis j’enchaînais  
la remorque et suspendais la clef à la vue du patron.  
Le vieux tenait à sa remorque comme à la prunelle de ses yeux.  
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Livreur de fleurs chez Zbinden  
A. Zbinden avait son magasin de fleurs à la rue  
du Valentin 1, sous la terrasse de l’église de  
Notre-Dame du Valentin et son jardin à l’avenue  
de Rumine 37. Il avait une fille (qui n’était pas  
pour moi!) et sa femme tenait le magasin.  
D’après mon oncle Edmond Dutoit (le popiste),  
Zbinden était un coureur de jupons!  
En 1951 il met une annonce dans le Journal le  
Rhône, probablement pour éviter que sa femme  
la lise ou que les mauvaises langues supposent  
qu’il a besoin d’oseille!  
Mon boulot consistait à livrer des fleurs, donner  
un coup de main au magasin. Si le travail  
manquait au magasin il y en avait au jardin :  
sarcler, arracher les mauvaises herbes, arroser,  
faire des bouquets de fleurs.  
Bernard en action  
Le rayon des livraisons était les hauts de la  
ville du côté Bois-de-Vaux, Pontaise, Montétan et  
l’hôpital cantonal.  
Il fallait suer pour monter vers les lieux cités, mais  
cela en valait la peine pour, au retour, éprouver  
l’ivresse des descentes à un train d’enfer. De plus  
les pourboires n’étaient pas rares.  
Extrait de l'annuaire vaudois 1962  
Les rails de tramway à la place-Ael-Air et à la  
Place Chauderons étaient mortels. On les  
franchissait en zig-zag pour éviter qu’une roue ne se  
coince dans le rail.  
Par temps mouillé ces trucs étaient de véritables  
patinoires dont il fallait se méfier. Je ne me suis  
jamais cassé la gueule, mais j’ai assisté à des  
planées spectaculaires.  
Annonce dans le journal "Le Rhone" De tous les petits boulots, c’est celui qui me laisse  
du vendredi 23 nvembre 1951  
les meilleurs souvenirs. Que le soleil brille, qu’il  
neige ou pleut, avec ou sans bise je me baladais  
seul avec mon vélo et mes fleurs. Personne ne  
me disait ce que je devais faire!  
Ce plaisir d’être dehors aura une influence lors du  
choix du métier de monteur-électricien.  
Rails de Tramm  
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Coup de main à un marchand de vêtement à la Riponne.  
Un samedi en flânant à la place de la Riponne je  
tombais devant un stand de vêtements qu'un  
vieillard démontait avec peine.  
Je lui demandais : « est-ce que je peux vous  
aider?», il répondit affirmativement.  
Le forain Filippone était grand, âgé de 78 ans (il  
était né en 1885) et habillé de noir avec un  
chapeau, et connaissait mon oncle Edmond Dutoit (le  
Le char à bras qui servait aussi d'étal  
popiste).  
Il vendait des costumes du genre «avant-guerre» noir ou gris foncés ainsi que des  
cravates et des babioles.  
On dépendait d’abord les vêtements pour les déposer à plat sur le char, et ensuite la  
bâche et les perches.  
Alors on se mettait en route pour le retour, je tirais et lui s’agrippait derrière le char,  
plusieurs fois il m’intima de ne pas aller si vite.  
C’était un parcours assez technique, d’abord éviter qu’une roue du char ne se coince  
dans un rail de tram, ensuite faire monter le char sur le trottoir sans le faire  
capoter.  
On s’arrêtait devant le magasin bloquant le trottoir et  
obligeant les piétons à descendre sur la chaussée,  
mais personne n’a jamais râlé !  
Son magasin était un bris a brac qui sentait le  
renfermé et où s’amoncelaient des monceaux de  
vêtements.  
Pour finir on repartait avec le char en direction de la  
place du Tunnel puis de la Rue des Deux-Marchés.  
Les bâtiments attenant à la rue du Tunnel 14 où il avait  
son magasin étaient en voie de délabrement, la  
sombre cage d’escalier dégageait une odeur âcre  
La plupart des habitants subsistaient de petits  
métiers qui les sauvaient de l’indigence, madame  
Ida, qui avait probablement la main douce en est  
un exemple. Filippone louait une chambre meublée,  
sans doute pour arrondir ses fins de mois.  
Annonces dans la feuille d'avis de  
Lausanne en 1960  
Extrait de l'annuaire vaudois de 1962  
Avis mortuaire paru dans la "Nouvelle revue de  
Lausanne" du mardi 24 mai 1966  
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Souvenirs de Bernard Favre; la petite enfance, Renens 1948 - 1957  
Coup de main à un maraîcher à la Riponne.  
Maraîcher du Mont-sur-Lausanne.  
Le marché vers 1960 ressemblait à cela  
Je connaissais ce maraîcher de vue depuis longtemps, toutes les semaines je  
voyais son attelage devant le café du Jorat (l’actuel Restaurant Asie Pacifique)  
à la Place de l’Ours et lui à une table avec trois décis ou un café.  
En général il précédait l’agent de police Mottaz dit « le siffleur », qui après avoir  
parqué sa moto BMW sirotait trois décis sur la terrasse. Puis la conscience tranquille,  
s'en allait régler le trafic à la Place de l’Ours en sifflant.  
Je ne me souviens pas si j’ai offert mes services ou s’il m'a demandé de lui donner  
un coup de main. Après avoir chargé la marchandise et le stand on grimpait sur le  
siège, et le cheval emmenait clopin clopant tout ce joli monde à la ferme.  
Le pas tranquille du cheval nous donnait le temps d’observer les gens et  
provoquait des embouteillages pour les voitures et les transports publics.  
Jamais on n'a entendu un coup de Klaxon ou des vociférations, on avait  
encore le temps de vivre.  
Place de la Riponne, Rue du Tunnel, César-Roux et Café du Jorat étaient la  
première étape. Après cette pause sur la terrasse on continuait par Béthusy et Victor  
Ruffy ou il avait sa ferme.On déchargeait et rangeait le char.  
C’était le même pinailleur que mon oncle maraîcher, il ne fallait pas  
seulement mettre les choses à leur place, mais : « pas comme  
ça», « plus à gauche » et cætera.Débrider, desseller, mener le  
cheval à l’écurie et ranger le char achevait la journée. En général il  
me donnait des légumes invendu.  
Ça existe encore!  
J’en ai eu le souffle coupé. En googlant sur la toile, j’ai découvert  
que cinquante-cinq ans plus tard il y a encore un maraîcher  
à Victor Ruffy 66, la famille Aebi et Fils.  
Les spéculateurs fonciers qui passent par là doivent attraper un  
rhume des foins carabiné! Penser donc! faire pousser des salades  
à un franc cinquante la pièce sur du terrain qui pourrait  
rapporter dix milles francs au mètre carré!!!  
Mottaz, musée his-  
torique Lausanne.  
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